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se définit le schéma mental, tel que nous l'envisageons dans toute cette étude.
Il consiste en une attente d'images, en une attitude intellectuelle destinée
tantôt à préparer l'arrivée d'une certaine image précise, comme dans le cas de
la mémoire, tantôt à organiser un jeu plus ou moins prolongé entre les images
capables de venir s'y insérer, comme dans le cas de l'imagination créatrice. Il
Henri Bergson, L'énergie spirituelle. Essais et conférences. (1919) 102
est, à l'état ouvert, ce que l'image est à l'état fermé. Il présente en termes de
devenir, dynamiquement, ce que les images nous donnent comme du tout fait,
à l'état statique. Présent et agissant dans le travail d'évocation des images, il
s'efface et disparaît derrière les images une fois évoquées, ayant accompli son
oeuvre. L'image aux contours arrêtés dessine ce qui a été. Une intelligence qui
n'opérerait que sur des images de ce genre ne pourrait que, recommencer son
passé tel quel, ou en prendre les éléments figés pour les recomposer dans un
autre ordre, par un travail de mosaïque. Mais à une intelligence flexible,
capable d'utiliser son expérience passée en la recourbant selon les lignes du
présent, il faut, à côté de l'image, une représentation d'ordre différent toujours
capable de se réaliser en images mais toujours distincte d'elles. Le schéma
n'est pas autre chose.
L'existence de ce schéma est donc un fait, et c'est au contraire la réduction
de toute représentation à des images solides, calquées sur le modèle des objets
extérieurs, qui serait une hypothèse. Ajoutons que nulle part cette hypothèse
ne manifeste aussi clairement son insuffisance que dans la question actuelle.
Si les images constituent le tout de notre vie mentale, par où l'état de concen-
tration de l'esprit pourra-t-il se différencier de l'état de dispersion intellec-
tuelle ? Il faudra supposer que dans certains cas elles se succèdent sans
intention commune, et que dans d'autres cas, par une inexplicable chance,
toutes les images simultanées et successives se groupent de manière à donner
la solution de plus en plus approchée d'un seul et même problème. Dira-t-on
que ce n'est pas une chance, que c'est la ressemblance des images qui fait
qu'elles s'appellent les unes les autres, mécaniquement, selon la loi générale
d'association ? Mais, dans le cas de l'effort intellectuel, les images qui se
succèdent peuvent justement n'avoir aucune similitude extérieure entre elles :
leur ressemblance est tout intérieure ; c'est une identité de signification, une
égale capacité de résoudre un certain problème vis-à-vis duquel elles occupent
des positions analogues ou complémentaires, en dépit de leurs différences de
forme concrète. Il faut donc bien que le problème soit représenté à l'esprit, et
tout autrement que sous forme d'image. Image lui-même, il évoquerait des
images qui lui ressemblent et qui se ressemblent entre elles. Mais puisque son
rôle est au contraire d'appeler et de grouper des images selon leur puissance de
résoudre la difficulté, il doit tenir compte de cette puissance des images, non
de leur forme extérieure et apparente. C'est donc bien un mode de représen-
tation distinct de la représentation imagée, quoiqu'il ne puisse se définir que
par rapport à elle.
En vain on nous objecterait la difficulté de concevoir l'action du schéma
sur les images. Celle de l'image sur l'image est-elle plus claire ? Quand on dit
que les images s'attirent en raison de leur ressemblance, va-t-on au-delà de la
constatation pure et simple du fait ? Tout ce que nous demandons est qu'on ne
néglige aucune partie de l'expérience. À côté de l'influence de l'image sur
l'image, il y a l'attraction ou l'impulsion exercée sur les images par le schéma.
À côté du développement de l'esprit sur un seul plan, en surface, il y a le
mouvement de l'esprit qui va d'un plan à un autre plan, en profondeur. À côté
du mécanisme de l'association, il y a celui de l'effort mental. Les forces qui
travaillent dans les deux cas ne diffèrent pas simplement par l'intensité ; elles
diffèrent par la direction. Quant à savoir comment elles travaillent, c'est une
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